Le voyage à Venise
Écoutons d'abord Marcel Proust : « Ma gondole suivait des petits canaux ; comme la main mystérieuse d'un génie qui m'aurait conduit dans les détours de cette ville d'Orient, ils semblaient, au fur et à mesure que j'avançais, me pratiquer un chemin, creusé en plein coeur d'un quartier qu'ils divisaient en écartant à peine, d'un mince sillon arbitrairement tracé, les hautes maisons aux petites fenêtres mauresques ; et comme si le guide magique eût tenu une bougie entre ses doigts et m'eût éclairé au passage, ils faisaient briller devant eux un rayon de soleil à qui ils frayaient sa route… » Enfin, André Suarès, grand amoureux de Venise cité par Simoën, parle ainsi du voyage en général : « Un homme voyage pour sentir et pour vivre. À mesure qu'il voit du pays, c'est lui-même qui vaut mieux la peine d'être vu. Il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu'il découvre. Voilà pourquoi le voyage est si beau, quand on l'a derrière soi : il n'est plus et l'on demeure ! C'est le moment où il se dépouille. Le souvenir le décante de toute médiocrité. »
Le voyage à Venise est parsemé de reproductions d'oeuvres picturales de la seconde moitié du XVIIIe siècle et de photographies anciennes. On aime aussi les annexes : " Chronologie artistique et historique de Venise " et les notes biographiques des auteurs cités.
La Piazzetta du côté de la bibliothèque Marciana - Bernardo Belloto - 1740-41
Quatrième de couverture : ce voyage à Venise est un ouvrage d'amoureux, de flambeur de la mémoire. C'est un livre-miroir, il ressemble à Venise. Le principe même permet d'éviter la carte postale traditionnelle : il inscrit, en effet, ce regard sur Venise dans un XIXe siècle idéalement pictural, littéraire mais aussi photographique. Goethe, de Brosses, Sand, Gautier, Turner, Bonington, Manet, Proust, pour n'en citer que quelques-uns, nous prennent par le bras comme pour mieux nous séduire.
Le voyage à Venise
Jean-Claude Simoën
Editions J'ai Lu
Paru en janvier 2010 - ISBN 2290021970
9,45 €