Quel choc avons-nous ressenti ! Non loin de Salins-les-Bains, dans le Doubs, se trouve la saline royale d’Arc et Senans, cette majestueuse construction due au génial Claude Nicolas Ledoux (1736-1806). Commandé sous Louis XV et construit de 1775 à 1779, cet ensemble de bâtiments était destiné à favoriser l’extraction du sel par évaporation de la saumure ; à cette époque, les besoins en sel de la Suisse n’étaient plus couverts par la saline de Salins, qui de plus éprouvait des difficultés d’approvisionnement en bois.

Saline royale d'Arc-et-Senans, la maison du directeur et le bâtiment des Sels Est.

La Saline d’Arc-et-Senans connaîtra bien des vicissitudes, de sa fermeture en 1895 (le sel produit en ce lieu étant fortement concurrencé par le sel marin), jusqu’au dynamitage d’une partie des bâtiments en 1926, son occupation en 1940 par les Allemands et l’installation d’un Centre de Rassemblement des tziganes. La Saline Royale fut cependant classée dès 1939 aux Monuments Historiques et fit partie du Patrimoine Mondial de l’Unesco en 1989.
La saline nous a laissé une impression inoubliable : l’ensemble architectural en demi-cercle, de style classique (on discerne les influences palladiennes), comporte plusieurs édifices dont la « maison du directeur », son fronton et ses six imposantes colonnes doriques, au centre de l’ensemble.

Plan de la Saline royale d’Arc-et-Senans
1 / Bâtiment des gardes (entrée et sortie de la Saline / librairie-boutique / chambres). 2/ Tonnellerie – Musée Ledoux. 3/ Berniers Ouest (chambres et salles de colloques). 4/ Commis. 5/ Bâtiment des Sels Ouest. 6/ Maison du directeur (exposition « Histoires de sel »). 7/ Ecuries. 8/ Bâtiment des Sels Est. 9/ Gabelle (chambres). 10/ Berniers Est (exposition « Mémoires du lieu »). 11/ Maréchalerie (brasserie / café des jardins).

Ci-dessous, une vidéo panoramique des bâtiments de la Saline.

Après être passé sous le porche rocheux de l’entrée, ses colonnes et ses urnes, qui rappellent par un flot pétrifié l’activité saline, nous avons été saisi par la vastitude et l’équilibre des onze bâtiments en arc de cercle autour du parc. A gauche et à droite, les « bernes » (est et ouest), ces bâtiments à sel dans lesquels dormaient les ouvriers et leurs familles. Ils abritaient les berniers, qui travaillaient aux chaudières, et les saulniers, qui faisaient sécher les pains de sel. De part et d’autre, la tonnellerie et la maréchalerie. Et donc, face à nous, la maison du directeur. Derrière celle-ci, une écurie, superbe petit bâtiment dans un style palladio-classique minéral. En réalité, cette demi-lune devait être complétée par sa jumelle, afin de former un cercle. Ledoux cherchait à bâtir ici la Cité ouvrière idéale, une ville entière avec en son centre la maison directoriale, puis les bâtiments des sels ainsi que ceux destinés à tous les corps de métier, sans oublier église, écoles, etc. Ce projet, comme d’autres (on le verra ci-dessous), ne sera jamais réalisé.

Galerie photos 1 : de l’entrée par la majestueuse colonnade du bâtiment des gardes, à la sortie par le jardin de la sixième promenade, un aperçu de l’esprit visionnaire de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux.

Le musée Ledoux
Pour comprendre et la saline, et la personnalité de Claude-Nicolas Ledoux, il est impératif de visiter le passionnant musée, qui retrace grâce à des maquettes et à des plans les œuvres réalisées et les projets hélas restés en l’état de ce génie de l’architecture. Penseur et philosophe de l’architecture, Ledoux construisit les barrières de Paris, entre autres, dont il ne subsiste que quatre édifices qu’on peut voir au parc Monceau, à Denfert-Rochereau, place de la Bataille de Stalingrad et près de la Nation. La liste de ses œuvres aujourd’hui détruites ou dégradées est aussi impressionnante que fâcheuse. Il reste cependant, outre Arc et Senans, quelques témoignages « vivants » de l’art de Ledoux : le théâtre de Besançon, par exemple, ou l’hôtel d’Hallwyll, seul bâtiment civil dessiné par l’architecte encore préservé à Paris. Certains des projets que le Musée nous fait découvrir sont d’une modernité ahurissante ( la cité idéale de Chaux).

Galerie photos 2 : le musée Ledoux – l’exposition permanente consacrée à Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), architecte des Lumières, mérite à elle seule une visite à Arc-et-Senans par la richesse du fonds (préparez-vous à aller de surprises en émerveillements devant les travaux de Ledoux). Un important travail a été fait (par l’architecte Philippe Pumain) pour réaliser les maquettes qui permettent de concevoir en volume les projets de Ledoux.

Sachez aussi que ce lieu d’un calme absolu permet, sur réservation, un hébergement dans la Saline même, chose très rare dans un site classé monument historique. Nous sommes d’ailleurs convenus tous deux que si nous revenions dans la région, nous ferions halte ici.

Tarifs : 8,80 €, 7,50 € (réduit), 6,00 € (16-25 ans), 4,50 € (6-15 ans)...
Horaires : 10h à 12h et 14h à17h de novembre à mars
9h à 12h et de 14h à 18h en avril, mai et octobre - de 9h à 18h sans interruption lors des ponts et week-ends de mai
9h à 18h en juin et septembre - 9h à 19h en juillet et août
Fermeture : le 25 décembre et le 1er janvier
Hébergement : du 1er mars au 31 octobre - 31 chambres rénovées par Jean-Michel Wilmotte / 84 à 113 €, plus de détail sur le site de la Saline

Saline Royale
Cité des Utopies
Grande Rue - 25610 Arc et Senans

tel : 03 81 54 45 45

Plan d'accès

Se rendre à la Saline d'Arc-et-Senans depuis : Paris - Lyon - Strasbourg

Le site Saline Royale - Cité des Utopies

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