Musée Marcel Proust

Illiers-Combray - Eure-et-Loir - Centre-Val de Loire

Parmi les lieux de pèlerinage qu’affectionnent les proustiens (dont le coauteur de ce site, nous le rappelons), il y a le Grand Hôtel de Cabourg – voir notre article-, Venise, et, le plus directement lié à Marcel, le village d’Illiers, à une vingtaine de kilomètres de Chartres, mérite un détour pour tout amoureux de Marcel Proust : lieu de son enfance, il a été immortalisé sous le nom de Combray, de même que la maison de Jules et Elisabeth Amiot, oncle et tante paternelle de l’écrivain, l’a été sous le nom de « maison de tante Léonie ».

Ici, la fiction a définitivement pris le pas sur la réalité : ce n’est pas tant à Illiers que nous nous rendons qu’à Combray, puisque nous allons voir avant tout l’un des hauts lieux de la Recherche du Temps perdu.
La « maison de Tante Léonie » se double d’un petit musée Marcel Proust, et surtout, au dernier étage, d’une grande salle où les photos de Nadar nous transportent en cette fin de XIXème siècle et nous offrent le visage de bien des modèles de la Recherche, bien que Proust ait pris soin de préciser dans sa correspondance que plusieurs personnes réelles ont inspiré un seul personnage : néanmoins, on y voit Charles Haas (modèle principal de Swann), Robert de Montesquiou (le baron de Charlus), la Comtesse Greffulhe (un des modèles de la duchesse de Guermantes), Réjane et Sarah Bernhardt (La Berma), Marie Benardaky (Gilberte), etc.

proust

La maison elle-même, au fond d’un jardin décrit dans « Du côté de chez Swann », semble de l’extérieur minuscule, mais elle est en réalité plus vaste. La cuisine où officiait Françoise, mais aussi le salon oriental, la salle à manger, sont autant de pièces que tout lecteur de l’immense écrivain accolera à des passages de son œuvre. N’oubliez pas, quand vous empruntez l’escalier, que la montée de celui-ci, à l’heure du coucher, était une souffrance pour l’enfant, puisque ce moment l’éloignait de sa mère dont il désirait encore un baiser. Au premier étage, la chambre du jeune Marcel, et, en face, celle de « tante Léonie ». On a placé de ci de là des objets évoqués par Proust, dont un exemplaire de « François le Champi » ou encore la célèbre madeleine qui, trempée un jour dans une tasse de thé, fera resurgir chez le Narrateur devenu adulte le souvenir de Combray, et, « ville et jardins », celui du monde de son enfance.
Vous terminerez votre visite par le petit musée Marcel Proust, où vous verrez, à côté de quelques lettres adressées à l’auteur, la toge de médecin de son père, un panneau consacré à Céleste Albaret, qui fut sa servante et l’accompagna pendant de nombreuses années, et ce jusqu’à la fin. Emouvante visite, et celui ou celle qui ne s’est pas encore plongé dans la lecture de ce chef-d’œuvre qu’est la Recherche ne peut qu’être tenté par cette – belle – aventure.



Ouvert tous les jours sauf le lundi
De septembre à juin de 14h15 à 17h00 – visites guidées à 14h30 et 16h00
En juillet et août de 10h45 à 12h00 et de 14h15 à 17h00 - visites guidées à 11h00, 14h30 et 16h00
Fermé du 15 décembre au 15 janvier, ainsi que le 1er mai et les 1er et 11 novembre

Tarifs : 7 € (plein), 5 € (réduit)
gratuit pour les enfants jusqu'à 12 ans et les adhérents à la Société des Amis de Marcel Proust

Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie
4, rue du Docteur Proust – 28120 ILLIERS COMBRAY
Entrée du musée Place Lemoine (croisement de la rue Saint Hilaire et de la rue Des Trois Mariés, voir plan d'accès ci-dessous)

tel : 02 37 24 30 97

Plan d'accès

Itinéraire depuis Paris

Nous avons respecté l'interdiction de prendre des photos de l'intérieur de la Maison de Tante Léonie ; le site Galorbe Photographie (photographe qui a illustré le beau livre "Marcel Proust, l'arche et la colombe" aux éditions Michel Lafon) propose une galerie de très beaux clichés qui la présente dans son ensemble.

Sur sa page Internet, la Société des Amis de Marcel Proust propose de compléter la visite par la celles du Pré Catelan et du château de Villebon (le parc de Tassonville et le château de Guermantes dans "La Recherche"). Il est également possible de participer au Parcours des Aubépines qui est organisé chaque année à la mi-mai.


Itinéraire de la Maison de Tante Léonie au Pré Catelan

Itinéraire de la maison de Tante Léonie au château de Villebon

"L'église ! Familière ; mitoyenne, rue Saint-Hilaire, où était sa porte nord, de ses deux voisines, la pharmacie de M. Rapin et la maison de Mme Loiseau, qu'elle touchait sans aucune séparation ; simple citoyenne de Combray qui aurait pu avoir son numéro dans la rue si les rues de Combray avaient eu des numéros, et où il semble que le facteur aurait dû s'arrêter le matin quand il faisait sa distribution, avant d'entrer chez Mme Loiseau et en sortant de chez M. Rapin, il y avait pourtant entre elle et tout ce qui n'était pas elle une démarcation que mon esprit n'a jamais pu arriver à franchir. Mme Loiseau avait beau avoir à sa fenêtre des fuchsias, qui prenaient la mauvaise habitude de laisser leurs branches courir toujours partout tête baissée, et dont les fleurs n'avaient rien de plus pressé, quand elles étaient assez grandes, que d'aller rafraîchir leurs joues violettes et congestionnées contre la sombre façade de l'église, les fuchsias ne devenaient pas sacrés pour cela pour moi ; entre les fleurs et la pierre noircie sur laquelle elles s'appuyaient, si mes yeux ne percevaient pas d'intervalle, mon esprit réservait un abîme.

On reconnaissait le clocher de Saint-Hilaire de bien loin, inscrivant sa figure inoubliable à l'horizon où Combray n'apparaissait pas encore ; quand du train qui, la semaine de Pâques, nous amenait de Paris, mon père l'apercevait qui filait tour à tour sur tous les sillons du ciel, faisant courir en tous sens son petit coq de fer, il nous disait : « Allons, prenez les couvertures, on est arrivé. » Et dans une des plus grandes promenades que nous faisions de Combray, il y avait un endroit où la route resserrée débouchait tout à coup sur un immense plateau fermé à l'horizon par des forêts déchiquetées que dépassait seul la fine pointe du clocher de Saint-Hilaire, mais si mince, si rose, qu'elle semblait seulement rayée sur le ciel par un ongle qui aurait voulu donner à ce paysage, à ce tableau rien que de nature, cette petite marque d'art, cette unique indication humaine. Quand on se rapprochait et qu'on pouvait apercevoir le reste de la tour carrée et à demi détruite qui, moins haute, subsistait à côté de lui, on était frappé surtout du ton rougeâtre et sombre des pierres ; et, par un matin brumeux d'automne, on aurait dit, s'élevant au-dessus du violet orageux des vignobles, une ruine de pourpre presque de la couleur de la vigne vierge.

Souvent sur la place, quand nous rentrions, ma grand'mère me faisait arrêter pour le regarder. Des fenêtres de sa tour, placées deux par deux les unes au-dessus des autres, avec cette juste et originale proportion dans les distances qui ne donne pas de la beauté et de la dignité qu'aux visages humains, il lâchait, laissait tomber à intervalles réguliers des volées de corbeaux qui, pendant un moment, tournoyaient en criant, comme si les vieilles pierres qui les laissaient s'ébattre sans paraître les voir, devenues tout d'un coup inhabitables et dégageant un principe d'agitation infinie, les avait frappés et repoussés. Puis, après avoir rayé en tous sens le velours violet de l'air du soir, brusquement calmés ils revenaient s'absorber dans la tour, de néfaste redevenue propice, quelques-uns posés çà et là, ne semblant pas bouger, mais happant peut-être quelque insecte, sur la pointe d'un clocheton, comme une mouette arrêtée avec l'immobilité d'un pêcheur à la crête d'une vague. Sans trop savoir pourquoi, ma grand'mère trouvait au clocher de Saint-Hilaire cette absence de vulgarité, de prétention, de mesquinerie, qui lui faisait aimer et croire riches d'une influence bienfaisante la nature quand la main de l'homme ne l'avait pas, comme faisait le jardinier de ma grand'tante, rapetissée, et les œuvres de génie. Et sans doute, toute partie de l'église qu'on apercevait la distinguait de tout autre édifice par une sorte de pensée qui lui était infuse, mais c'était dans son clocher qu'elle semblait prendre conscience d'elle-même, affirmer une existence individuelle et responsable. C'était lui qui parlait pour elle. Je crois surtout que, confusément, ma grand'mère trouvait au clocher de Combray ce qui pour elle avait le plus de prix au monde, l'air naturel et l'air distingué. Ignorante en architecture, elle disait : « Mes enfants, moquez-vous de moi si vous voulez, il n'est peut-être pas beau dans les règles, mais sa vieille figure bizarre me plaît. Je suis sûre que s'il jouait du piano, il ne jouerait pas sec. » Et en le regardant, en suivant des yeux la douce tension, l'inclinaison fervente de ses pentes de pierre qui se rapprochaient en s'élevant comme des mains jointes qui prient, elle s'unissait si bien à l'effusion de la flèche, que son regard semblait s'élancer avec elle ; et en même temps elle souriait amicalement aux vieilles pierres usées dont le couchant n'éclairait plus que le faîte et qui, à partir du moment où elles entraient dans cette zone ensoleillée, adoucies par la lumière, paraissaient tout d'un coup montées bien plus haut, lointaines, comme un chant repris « en voix de tête » une octave au-dessus.

C'était le clocher de Saint-Hilaire qui donnait à toutes les occupations, à toutes les heures, à tous les points de vue de la ville, leur figure, leur couronnement, leur consécration. De ma chambre, je ne pouvais apercevoir que sa base qui avait été recouverte d'ardoises ; mais quand, le dimanche, je les voyais, par une chaude matinée d'été, flamboyer comme un soleil noir, je me disais : « Mon Dieu ! neuf heures ! il faut se préparer pour aller à la grand'messe si je veux avoir le temps d'aller embrasser tante Léonie avant », et je savais exactement la couleur qu'avait le soleil sur la place, la chaleur et la poussière du marché, l'ombre que faisait le store du magasin où maman entrerait peut-être avant la messe, dans une odeur de toile écrue, faire emplette de quelque mouchoir que lui ferait montrer, en cambrant la taille, le patron qui, tout en se préparant à fermer, venait d'aller dans l'arrière-boutique passer sa veste du dimanche et se savonner les mains qu'il avait l'habitude, toutes les cinq minutes, même dans les circonstances les plus mélancoliques, de frotter l'une contre l'autre d'un air d'entreprise, de partie fine et de réussite."

Marcel Proust - A la recherche du temps perdu - Du côté de chez Swann - extrait


La lecture de ce court extrait de "La Recherche" vous donnera peut-être envie de marcher sur les traces de l'auteur ; à quelque 150 mètres (voir carte), vous trouverez l'église Saint-jacques d'Illiers-Combray. Ne vous contentez pas de contempler le clocher, visitez aussi l'intérieur qui mérite un coup d'œil. L'église Saint-Jacques a été classée Monuments Historiques en 1907 (en savoir plus : archive Base Mérimée).


Galerie photos : l'église Saint-Jacques à Illiers-Combray

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